Vainqueur du prix de l’IA
Cette nouvelle a été écrite par une élève de seconde, dans le cadre du concours « Les explorateurs de l’IA » organisé en janvier 2025. Le thème était celui de la machine à remonter le temps. Les participants avaient pour consigne de rédiger une nouvelle sur ce thème en s’appuyant d’un ou plusieurs modèles d’intelligence artificielle générative (chatGPT, Gemini, Claude, Perplexity…).
La nouvelle de cette élève a été désignée vainqueur par l’IA Claude à qui nous avons transmis nos critères de sélection. Vous pouvez lire la nouvelle la nouvelle sélectionnée par le jury ici.
Le cri de la liberté
Entre 1640 et 1653, la fronde secoue la France de révoltes populaires. Les paysans travaillaient sans relâche pour survivre, écrasés par les impôts, la dîme, et la domination des seigneurs et de l’Église. Dans chaque village, derrière ce mot « peuple » se cachaient des vies pleines de sacrifices : des enfants, des vieillards, des mères de famille, qui se levaient dès l’aube, travaillaient dans les champs, dans les maisons, pour à peine gagner leur pain. Derrière ces vies anonymes, il y avait des rêves, des souffrances, des joies simples mais intenses, et aussi des révoltes qui, silencieuses au départ, finissent par se faire entendre.
C’est ce peuple que j’ai choisi de mettre en lumière dans cette histoire. À travers les figures de Madeleine et Pierre, deux jeunes de cette époque, j’ai voulu rendre hommage à ces hommes et femmes qui ont souvent été oubliés de l’Histoire. J’ai voulu montrer leurs luttes, leurs peines, mais aussi leurs bonheurs simples et leur résilience. Un peuple trop souvent négligé, mais qui, malgré tout, a toujours trouvé la force de se relever.
Alors, à la manière de Victor Hugo en contant l’histoire de Cosette, Fantine et Jean Valjean dans Les Misérables, ou encore celle de Marie-Paul Armand en racontant l’histoire de Constance et de son entourage dans La Courée, je vais rendre hommage à ce peuple à qui on a souvent fait défaut.
Madeleine
Ce matin-là dans l’épicerie de mon père, l’odeur du pain frais flottait dans l’air. Dans cet endroit d’habitude si paisible, des murmures inquiets me parvenaient.
« Mais puisque je te le dis ! »
La voix de Marguerite, la vieille voisine, tremblait presque.
« Les autres villageois vont se réunir sur la place du village pour ensuite prendre le château d’assaut ! On en a assez de la taille ! »
« Ils craignent trop le courroux du seigneur”, répondit sa comparse.
Je stoppai mes gestes. Loin d’être une simple rumeur, il y avait une vérité dans ces mots. Je cherchais du regard mon père, concentré sur son travail, bien trop fatigué pour entendre quoi que ce soit. Il m’élève seul depuis la mort de ma mère à ma naissance, il m’a souvent raconté des histoires d’elle dans ma plus tendre enfance et je me plaisait à m’imaginer cette mère que je n’ai jamais connue, elle n’a jamais reculé face aux normes de la société qui faisaient de la femme une simple chose destinée à assurer notre reproduction. Elle a toujours été mon exemple. C’était sûrement cela qui m’avait rapprochée avec Pierre, le fils de l’aubergiste. Lui aussi a perdu sa mère très jeune, et délaissé par son père, toujours avec un verre de vin dans la main et ivre la plupart du temps, il avait vite appris à se débrouiller seul. Pierre parlait de justice et de liberté depuis toujours. Son enfance l’a rendu ainsi, engagé. Il n’était pas comme les autres jeunes. Il ne se contentait pas de subir, de se résigner. Il voulait changer les choses.
Comme si mes pensées l’avaient invoqué, le voilà qui passait le pas de la porte d’un pas assuré, comme à son habitude. Je le remarquai immédiatement : il avait un regard différent aujourd’hui, plus résolu. Mon ami s’approcha du comptoir et, après avoir salué mon père d’un hochement de tête, se pencha vers moi.
« Madeleine, c’est le moment. La révolte gronde. Les autres villageois sont en passe de s’insurger, ils ne vont pas rester passifs plus longtemps, m’accompagnes-tu ? »
Je le regardai un instant, mes pensées se bousculant. Je n’allais pas le laisser risquer sa vie tout seul. Nous en parlions souvent étant petits, de ce que nous pourrions faire pour arranger les choses.
« C’est notre aventure, Pierre, je te suis. » La décision était prise, même si la peur me serrait le ventre.
« Alors, allons-y, » dit-il, son regard brûlant de détermination.
Pierre
Madeleine était prête. Dans son regard innocent pointait une étincelle de courage et d’espoir. Nous étions à la croisée des chemins, tous les deux. La révolte n’était plus un mot abstrait, c’était une urgence. Et la révolte, c’était aussi notre chance.
Le soleil brillait dans le ciel sans nuage. Nous marchions tranquillement dans les rues animées, mais une tension pesait dans l’air. Quand nous arrivâmes à la place principale, nous vîmes déjà une foule de paysans qui s’étaient rassemblés, certains brandissant des fourches, d’autres des bâtons. La colère était palpable. Ils étaient venus proclamer leur rage. La plupart d’entre eux étaient vêtus de haillons et de loques. Des femmes, des hommes mais aussi des enfants réclamaient leurs droits. Comment le roi pouvait-il se la couler douce dans son palais alors que son peuple se mourrait à petits feux ?
Madeleine me serra la main.
« Nous ne sommes pas seuls, Madeleine. Tu vois ? Ils sont là aussi. Nous ne pouvons plus avoir peur. « la rassurais-je.
Madeleine
Je sentais son regard plein d’espérance, d’amour même. Cette révolte n’était pas seulement contre les seigneurs ou l’injustice, c’était aussi notre manière à nous de redonner un sens à nos vies. Nos vies étaient à nous, et nous allions le montrer.
Le bruit de bottes se fit entendre. Les soldats étaient là, sur le point d’écraser la révolte, notre révolte. Leur chef, un homme grand et dur, s’avança vers nous, armé et menaçant.
« Rentrez chez vous bande d’analphabètes, » cria-t-il d’une voix forte.
« Analphabète toi-même! », crièrent certains.
« Vive la liberté ! », hurlèrent d’autres.
Je me joignit à eux.
Les gardes levèrent leurs armes. Une bousculade éclata, un cri, puis un autre. Le chaos était total. Les hommes s’affrontaient, le bruit des épées et des lances m’étourdissait. Les soldats frappaient sans pitié, mais je tenais bon. Je ne voulais pas fuir. Je ne voulais pas être une spectatrice passive. Non, ce jour-là, je voulais faire partie de l’Histoire.
Pierre
La répression fut plus violente que je ne l’avais imaginé. Les coups pleuvaient de toute part. Madeleine et moi courrions au milieu de l’apocalypse. Elle me tenait la main et je sentais sa fatigue à travers ce contact. Mais au milieu de ce chaos, je sentais que quelque chose avait changé. Il n’y avait plus de retour possible. Nous étions ensemble dans ce combat. Nous étions unis, et cette lutte, aussi violente et incertaine qu’elle fût, nous avait rapprochés.
Quand tout fut terminé, le silence pesant s’était installé. Le village était en ruines, en partant, les soldats avaient incendié nos maisons. Les cadavres disloqués ou calcinés jonchaient le sol. Nous avions perdu la bataille. Madeleine, à côté de moi, regardait la désolation faire son œuvre. Elle avait tout perdu dans la bataille, son père, son épicerie. Moi aussi, je n’avais plus rien. Dieu l’a voulu ainsi, il s’évertue à nous réunir dans le malheur. Elle n’était pas finie. Elle ne faisait que commencer.
Madeleine
Plusieurs mois passèrent après cette journée. Nous avons reconstruit le village et enterré nos morts. J’ai longuement pleuré en voyant mon père rejoindre les autres dans la fosse commune où était déjà ma mère. Ils ont été réunis dans la mort comme Pierre et moi nous sommes réunis dans notre lutte commune.
Un jour que je pensais à mes parents, il me prit la main et me regarda dans les yeux.
« Madeleine, je sais ce qu’on a perdu, mais nous avons gagné quelque chose de plus grand. Un amour, une liberté. Et ce que nous avons partagé ce jour-là, rien ne pourra jamais l’effacer. »
Et c’est ainsi que, dans une petite cérémonie discrète, Pierre et moi nous sommes mariés. Un mariage d’amour, rare en ces temps-là, mais nous l’avions voulu, nous l’avions mérité. Et ensemble, nous avons compris que la liberté, l’amour, la révolte… tout cela se mêlait dans un seul et même cri.
